Alice court avec René
Alice court avec René
- La vérité, personnellement, je ne vous la conseille pas. Mais après tout, c'est vous l'expert. Faites comme vous voulez, mais la vérité c'est pas sa tasse de thé, à ma mère. Je vous conseille de commencer par un mensonge. Il arrive qu'on obtienne de meilleurs résultats.
- Mais qu'est-ce que tu racontes, Léon ? Il ne faut pas mentir. C'est malhonnête et méchant.
Elle a l'air tellement sincère, ma maîtresse d'école, avec sa devanture ensoleillée et son sourire pareil à une sonate de Mozart, que je ne sais pas quoi lui répondre.
- Vous savez, Madame Chavagnac, ceux qui vivent dans le mensonge ne mentent jamais. Ce n'est pas nécessaire. C'est comme vouloir hoire de l'eau quand on vit dans un aquarium.
Septembre 1969, Léon Doré entre en cinquième année à l'école Saint-Matthieu. Il a de bonnes raisons d'être un brin déprimé. L'école, ce n'est vraiment pas fait pour lui. Et, en plus, il y a Thibault, Lefebvre et Raton, le trio infernal qui s'est juré de lui casser la gueule.
Bruno Hébert livre ici un second roman qui sait traduire à merveille les désarrois d'un garçon de onze ans. Tout en faisant revivre une époque, celle des années 60, avec ses excès et ses utopies radicales, il brosse, avec infiniment d'esprit et de charme, le portrait intemporel d'un enfant qui ne trouve sa place nulle part.